La plume d'Okiba
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Re: La plume d'Okiba
Au nom du double post, je t'invoque!
Voilà la suite! Et fin, par la même occasion.
En fait, je vous envoie toute la fic, ça sera plus simple.
Voilà la suite! Et fin, par la même occasion.
En fait, je vous envoie toute la fic, ça sera plus simple.
- Spoiler:
- Kyoto embrasée
Kyoto, capitale impériale, 1759. La ville dort dans l'obscurité de cette nuit d'été étouffante. La chaleur a écrasé même les plus tenaces, et les rues sont vides ce soir là. Seules de rares silhouettes en yukata parcourent encore les rues. Toutefois, deux porteurs en sueur, essoufflés par leur course, transportent un palanquin ouvragé sur les pavés de la cité des temples. Sans doute une courtisane se rendant chez un amant, se dira le passant noctambule qui pourrait le croiser. C'est sur cela que comptait l'occupant du palanquin, qui tenait à conserver ses déplacements secrets, surtout aux yeux des metsuke du shogun. Ceux ci pourraient trouver assez étrange qu'un chef religieux de son envergure rendent visite aux occupants d'un manoir appartenant à une des familles les plus anciennes du pays. Étrange ET suspect. Et Kyosuke Tsuki n'avait vraiment pas besoin que quelqu'un vienne s'inquiéter des relations qu'il nouait avec la famille Fujiwara. Surtout quelqu'un qui servait d'agent de renseignement au shogun.
Le règne des Tokugawa pesait de plus en plus lourdement sur tout ceux qui pourraient être en mesure d'attenter à leur pouvoir. Depuis plus d'un siècle et demi qu'ils étaient au pouvoir, et ils étaient parvenu à réduire les daimyos autrefois puissants en de simples pantins, obligés de passer la moitié de l'année à la cour du Shogun en tant qu'otage. Les fonctionnaires et gouverneurs de l'administration shogunale étaient partout, pullulant comme des insectes sur un cadavre. Même les divers cultes bouddhistes qui autrefois parsemaient le pays, en particulier dans la région de Yamato. Aujourd'hui, la plupart de celles qui ne s'étaient pas inclinées devant le shogun n'existait plus. Le culte de la princesse de la Lune était l'un des derniers encore tout à fait indépendant. Kyosuke aimait croire que Kaguya-hime elle même protégeait ses fidèles, qui préparait activement son retour sur terre. Et il refusait de laisser le shogun mettre des bâtons dans les roues des défenseurs de la foi.
Les mêmes pensées agitaient l'esprit de Satoshi Fujiwara alors qu'il regardait le palanquin pénétrer dans le manoir. L'homme portant un kimono gris anthracite, un chapelet et le crâne rasé des moine en sortit, prenant soin de dissimuler son visage aux porteurs. Ceux ci, essoufflés par la course, étaient trop occupés à reprendre leur respiration pour y faire attention. Et ils savaient qu'il était dans leur intérêt de n'avoir rien vu et de n'être au courant de rien. Ils savaient que le propriétaire de ce manoir avait toujours suffisamment de pouvoir pour les faire exécuter dans d'atroces souffrances, et ce même si l'âge d'or de son clan était passé depuis des siècles.
Quelques minutes plus tard, les soldats de Satoshi Fujiwara firent entrer le moine dans la pièce où se tenait leur maître. Les deux hommes de pouvoir de se saluèrent. En toute logique, le moine aurait du s'incliner plus bas que Satoshi, mais il refusait de céder la moindre parcelle de terrain, même à un allié. Il se jaugèrent du regard pendant quelques secondes.
« Avez vous fait bon voyage, Kyosuke-san ?
-Kaguya-hime a protégé mes pas.
-J'ai des doutes sur l'aide qu'elle pourrait nous apporter dans nos projets.
-Je vous déconseille de blasphémer, Satoshi-sama. Kaguya-hime n'est pas réputée pour sa patience.
-Moi non plus, moine.
-Je ne l'ignore pas, mais je n'avais pas l'intention de vous faire perdre votre temps. Nous avons tout les deux un problème avec le shogun. Je présume que vous m'avez convié pour me proposer une alliance.
-Vous êtes perspicace. Vous comme moi êtes menacé par l'hégémonie des Tokugawa. Votre église est encore indépendante pour l'instant, mais étant donné que le shogun est de plus en plus paranoïaque, ça m'étonnerait qu'il laisse la situation durer bien longtemps.
-Votre situation n'est pas meilleure si j'en crois mes informateurs. Les Fujiwara ne sont plus une force politique depuis longtemps. Ça fait des siècles qu'il ne reste plus à votre famille que des rêves de gloire et la nostalgie de son pouvoir révolu.
-Vous non plus, n'abusez pas de ma patience. Les clans d'aujourd'hui ne sont que des arrivistes corrompus. Pas un n'égale notre noblesse. Et nos ancêtres étaient les maîtres du Japon.
-Quoi qu'il en soit, nous avons un problèmes à régler. Qu'est ce que vous me proposez ? »
La même nuit, à Nagano, sur la route du Nord. Un auberge se consumait dans un concert de craquement, tandis que les citadins tentaient désespérément d'éteindre l'incendie avant qu'il ne se propage. Une chaîne s'était formée jusqu'à un puits voisin, mais le contenu d'un seau semblait dérisoire face à la taille du brasier. Une jeune fille portant une tenue noire s'approcha d'un des pompiers improvisés.
« Excusez moi, il y avait des gens là dedans ? »
L'homme, essuyant la sueur sur son front, se retourna vers celle qui l'interrogeait. Elle avait l'air plutôt jeune, quelque chose comme une vingtaine d'année. Un visage plutôt agréable à regarder, même si une cicatrice rectiligne, à peine visible dans le lueur mouvante des flammes, barrait son œil gauche.
« S'il y avait des gens ? L'auberge était pleine à craquer ! Le frère d'un noble important était là, avec son escorte. Il y avait aussi les filles que l'aubergiste leur avait conseillé, sans vouloir vous offenser mademoiselle. L'aubergiste et sa famille étaient aussi présent. Ils ont tous été piégés à l'intérieur, sauf une des filles, mais elle est à moitié folle. Elle dit qu'une inconnue est arrivée et à mis le feu à l'auberge en tuant les gardes.
-Je vois, merci.
-Mais qu'est ce...
-Excusez moi, mais la maison, là, à côté de l'auberge, elle n'est pas en train de prendre feu ? »
Laissant les habitants retourner à leur tâche, la jeune fille s'en fut. Celle qu'elle suivait était bien passée par ici, et elle n'était plus très loin. Fuyuka Okiba s'élance sur la route.
Les flammes dansaient dans son esprit. Les feux, les brasiers, les fournaises infernales qui animaient ses pensées ne semblaient pas vouloir s'arrêter. Tous. Ils l'avaient tous trahis ! Ses descendants minables allaient même s'allier avec ces pourritures d'adorateurs de Kaguya-hime ! Comme si un tel déchet méritait le nom de princesse. Le dégénéré qui lui avait avoué cela était une tache sur l'honneur de la famille Fujiwara. Une tâche qu'elle s'était fait un plaisir de nettoyer par le feu. Maintenant, elle savait que ses parents lointains venaient de provoquer la déception de trop.
Il n'y avait qu'une seule manière de rétablir l'honneur de sa famille : se débarrasser des traîtres. Kyoto l'attendait. Et qui sait, elle aurait peut être la chance de laver l'affront millénaire qui entachait toujours son honneur et celui de son clan. La ville au mille temples pourrait bien finir en cendres, mais elle aurait sa vengeance. Elle n'avait tenu jusqu'ici que parce qu'elle brûlait d'avoir sa revanche. Elle n'avait pas l'intention d'y renoncer maintenant.
La traque se poursuivit pendant plusieurs semaines, allant de brasier en incendie, laissant un traînée de cendres et de cadavres calcinés, pour que finalement, Fuyuka se rende à l'évidence. Sa proie se rendait à Kyoto. A mesure qu'elle se rapprochait de la cité impériale, la jeune femme du faire preuve de plus en plus de prudence. Elle et les siens n'étaient pas les bienvenus dans la région. Depuis la fondation de la lignée Okiba en 1617, après la mort de leur ancêtre commun, ils avaient fait tout leur possible rester discret. La confrérie qui avait cru se débarrasser de leur ancêtre existait toujours, et se dévoiler maintenant était trop risqué. Le clan Okiba avait encore besoin de consolider sa position dans le Nord, avant de penser à reprendre la lutte contre leur ennemi de toujours, les exorcistes de Kyoto.
Néanmoins, celle qu'elle poursuivait était trop importante, et surtout causait trop de dégâts pour être ignorée bien longtemps. Elle risquait même d'alerter la confrérie des invincibles, et cela au pire moment. C'est pour cette raison que Fuyuka avait été envoyée sur ses traces, pour la stopper, ou tout au moins effacer les traces de ses agissements. On ne stoppait pas une puissance pareille. Sa mission s’annonçait bien plus difficile que prévue. Apparemment, celle qu'elle suivait était en croisade, ce qui la rendrait encore plus difficile à raisonner. Fuyuka soupira en regardant la chambre miteuse où elle avait élu domicile, dans les faubourgs de Kyoto. Elle aurai préféré pouvoir au moins avoir une chambre dépourvue de mites, mais elle craignait de se faire repérer. Et elle avait de bonnes raisons de penser que celle qu'elle suivait allait aussi se cacher à l'écart de la ville. La question primordiale était maintenant de déterminer ce qu'elle allait faire. Fuyuka savait que la piste de cadavres qui l'avait mené jusque là était composée de membre de la famille Fujiwara. D'autres étaient des religieux d'une secte shinto du centre du Japon, mais Fuyuka n'avait jamais réussi à savoir laquelle, ni pourquoi ils étaient en affaire avec la famille Fujiwara.
Par ailleurs, elle avait aussi plutôt intérêt à comprendre pourquoi Fujiwara no Mokou, surnommée le Phénix, étaient en train de mettre le feu à sa propre famille. Sinon, elle ne risquait pas de pouvoir la convaincre d'arrêter. Mokou était une immortelle, d'une puissance de taille à ébranler le pays, comme Okiba, le kami fondateur de leur clan, l'avait été. Elle ne serait pas sortie de sa retraite sans raison, surtout pour commettre de telles exactions. Restait à savoir quelle était la raison.
- Spoiler:
- Satoshi Fujiwara et Kyosuke Tsuki avaient plus ou moins mis au point une stratégie. Mais il restait à déterminer le meilleur moment pour la mettre en œuvre.
« Pourquoi pas pour la fin de l'été ? Le shogun aime venir dans la région à cette période.
-Non, c'est trop aléatoire. Et c'est dans moins d'une semaine, nous ne serons jamais prêts dans les temps.
-Bon, dans ce cas, durant la célébration de la pleine lune d'automne, lorsque le shogun viendra présenter ses hommages à l'empereur. Cela nous laisse plus d'un mois.
-Parfait. Récapitulons. Mes adeptes vont semer des troubles dans la région.
-N'en faites tout de même pas trop, sinon nous n'aurons plus rien sur quoi régner.
-Pendant ce temps, poursuivit l'ecclésiastique sans s'interrompre, vos hommes, présent dans la ville, font prendre ces troubles comme argument pour mettre la ville en loi martiale. Vous en profiterez pour déposer le shogun, et vous faire nommer à sa place par l'empereur.
-Et si ce dernier rechigne, vous organiserez une cérémonie en l'honneur de Kaguya-hime. Cela devrait permettre de convaincre le peuple de la légitimité de notre famille.
-Si la princesse vous accorde son soutien.
-Je serais étonné qu'elle se dérange pour moi, fit Satoshi Fujiwara d'un ton ironique.
-Ne doutez pas d'elle, Fujiwara-san. Dans tout les cas, vous aurez à la fois la puissance militaire et l'approbation populaire. L'empereur devra céder.
-Nous sommes donc d'accord. Une fois sa puissance retrouvée, ma famille protégera votre temple, et ceux qui s'en prendront à vos adeptes seront déclarés hors la loi.
-N'oubliez pas cette promesse, Fujiwara-san. »
Mokou appliqua l’extrémité incandescente de son index sur la poitrine du bonze. Celui-ci hurla lorsque sa peau fondit, révélant des muscles grésillant qui commencèrent à noircir sous le chaleur.
« Je répète ma question. Qu'est ce que les Fujiwara complotent avec ces vermines fanatiques ?
-Je...je v-vous assure, sainte Mokou que...AAAAAAAAAAAAARHH.
-Pas de « sainte » avec moi. Dis moi ce que tu sais.
-J-j-j-je n'en sais-ais pas plus. Maître Satoshi...NON ! Pitié !
-La pitié est incompatible avec ma vision des choses. »
Sur ces derniers mots, Mokou déchaîna un torrent de flammes sur le malheureux, faisant fondre la peau, les muscles, réduisant les organes à un dépôt charbonneux qui resta collés aux os noircis par la chaleur.
« Il est temps de rendre une petite visite à ce chien galeux qui prétend être à la tête de ma famille. »
Satoshi Fujiwara relisait les rapports étalés sur son bureau avec un sentiment de malaise. La moitié de ses cousins de l'ouest du pays ne donnaient plus de nouvelles depuis des semaines. Mais il ignorait pourquoi, et avaient donc envoyé ses agents pour enquêter. Apparemment, ils étaient morts dans une série d'incendies. Le printemps arrivait, certes, mais il n'y avait aucune raison que cette vague de sinistre touche la famille Fujiwara en particulier. C'était donc des incendies criminels. Mais qui aurait bien pu déclencher ça sans que personne n'en soit témoin ? Déclencher un incendie prenait du temps. Et puis, pourquoi utiliser le feu ? Et pourquoi s'en prendre à sa famille ?
Il chercha parmi ses rivaux, mais rien ne put le mettre sur la piste d'un conflit qui aurait pu entraîner ça. On aurait dit que les meurtres avaient été commis au hasard, avec pour seul point commun qu'ils concernait des membres de la famille Fujiwara. Et l'incendie comme modus operandi n'avait aucune logique. Bien sur, on lui avait rapporté des rumeurs, d'obscures légendes, parlant d'une de ses ancêtres, Mokou le Phénix, qui reviendrait aujourd'hui pour effacer sa famille décadente de la surface du pays. Bien sûr, il ne parvenait pas à croire à de telles absurdités. Et pourtant...
Et pourtant c'était la seule logique possible. Bien sûr, Satoshi se disait que ce n'était qu'un dernier recours, mais il était tout de même dans le doute, et avait par conséquent pris toutes les mesures qu'il pouvait pour se prémunir contre une telle attaque. Il avait pris contact avec une confrérie d'exorcistes, qui se faisait appeler confrérie des Invincibles. Il avait haïe cette rencontre. Celle qui l'avait reçu (une femme!) l'avait pris de haut, comme s'il n'était qu'un vulgaire paysan, et non l'héritier d'une famille à la puissance millénaire. Elle le méprisait. Et cela se paierait un jour ou l'autre. Peut être plus tôt qu'elle ne le pensait, quand le clan Fujiwara retrouverait sa puissance perdue. Cela dit, il était assez fin politique pour ne pas la froisser. Et puis, il sentait quand même quelque chose d'indéfinissable émaner d'elle. Elle était dangereuse.
Cela dit, elle lui avait assuré que la confrérie enquêterait sur les incendies. C'était le maximum qu'il pourrait obtenir d'eux. Restait à espérer qu'ils pourrait régler le problème si il s'avérait que des phénomène surnaturels était effectivement à l’œuvre.
Fuyuka observa en silence les allées et venues des passants. Elle essayait de lire les mouvements de la foule. Elle y sentit la tension, une sourde oppression, qui minait le moral des citadins tels un chancre...La nuit lui parlait également, elle lui soufflait que le temps pressait, qu'elle devait se mettre en route. Son plan d'action était au point. Elle ignorait où Mokou pouvait se trouver. Elle était douée pour retrouver les gens et son...héritage lui facilitait la tâche. Elle avait vraiment la sensation que la nuit lui parlait, et elle avait des intuitions fulgurantes une fois que le soleil était couché.
Mokou se trouvait en ville. Dans les bas fonds, comme elles. Ces quartiers pouilleux était la cachette rêvée, presque pas de garde, beaucoup de monde, pas de questions. Un risque de se faire attaquer, en particulier les jeunes filles, mais Fuyuka avait totalement confiance en sa capacité à se débarrasser d'agresseurs éventuels. En revanche, pas question d'attaquer Mokou de front. Et Fuyuka ne savait toujours pas comment la détourner de son but. Peut être en lui trouvant un objectif plus intéressant...Ce qui voudrait dire qu'elle n'avait qu'une solution. Retrouver Kaguya et lui faire comprendre qu'il était temps de régler son différent avec Mokou.
Récapitulons : Fuyuka ignorait où se trouvait Mokou exactement, elle ne pouvait pas prendre contact avec la famille Fujiwara, car Satoshi était sous haute protection et ne laissait personne l'approcher. L'arrivée du shogun était annoncée pour dans quelques jours. Fuyuka se doutait que Satoshi tramait quelque chose. Elle avait identifié la secte dont certains membres avaient été tués dans les incendies provoqués par Mokou. Il s'agissait d'adorateurs de Kaguya. Comme si elle avait besoin d'être adorée ! En tout cas, ils avaient assez d'adeptes pour disposer d'une certaines influence. Une influence politique...et spirituelle. Il était même possible qu'ils puissent l'aider à retrouver Kaguya...oui...en organisant une cérémonie en son honneur. Elle savait que la secte trempait dans la machination de Satoshi (elle ne voyait pas pourquoi les deux factions auraient été en contact autrement), peut être qu'elle pourrait les convaincre...Par contre, au plan des mauvaises nouvelles, elle avait échoué à empêcher Mokou d'atteindre Kyoto. Elle était prête à parier que les Invincibles n'allaient pas tarder à remarquer la présence de l'immortelle, si ce n'était pas déjà le cas. Il fallait à tout prix qu'elle fasse vite.
Temple de Kaguyahime, quelques heures plus tard. Kyosuke psalmodiait, appelant de ses vœux le soutien de Kaguya-hime dans leur entreprise. Les vibrations de sa propre voix l'avaient presque fait rentrer dans un état de transe. Il pouvait pratiquement voir la lumière de la lune à travers ses paupières closes, presque entendre le murmure de sa déesse dans le silence de...
« Bonsoir. »
Kyosuke sursauta. Il bondit sur ses pieds et fit face à une jeune fille au cheveux de jais, debout dans la lueur blafarde de la lune, presque pleine ce soir là. Méfiant, Kyosuke resta sur se gardes, tendit qu'elle le fixait avec un mince sourire. Et disparut. Kyosuke fixa le vide, sachant parfaitement qu'il avait l'air stupide, mais incapable de dissimuler le choc.
« J'espère que cette petite démonstration a suffit à vous convaincre, monsieur le sceptique ? Vous êtes moins dévoué que ma maîtresse ne l'aurait cru... »
La douce voix qui avait prononcé ces paroles l'avait fait d'un ton caustique, presque cassant. Et a quelque centimètres à peine de son oreille. Il fit volte face pour se retrouver nez à nez, littéralement, avec la jeune femme.
« Qui...qui êtes vous ? » demanda-t-il d'une voix mal assurée.
Puis son esprit assimila enfin le sens des paroles qu'il avait entendu.
« Votre maîtresse ? Seriez vous une servante de...
-Kaguya-sama, en effet. Et elle m'a demandé de vous adresser un messager, et de vous aider si nécessaire. »
Sans attendre d'en entendre plus, Kyosuke s'était agenouillé.
« Pardonnez mon impudence, ô divine servante de Kaguya-sama. Comment puis-je servir ma déesse ?
-Kaguya-sama est au courant de vos projets concernant le shogun. Elle vous accorde sa bénédiction, à condition que vous organisiez une cérémonie en son honneur, la nuit de la pleine lune.
-Bien entendu. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour être agréable à Kaguya-sama.
-Elle n'en attendait pas moins de son plus fidèle serviteur. Si vous avez besoin de moi, appelez moi, je ne serais pas loin. »
Sur ces mots, l'apparition s'évapora.
« Attendez ! Comment dois je vous appeler ? »
Seul le silence lui répondit.
« Ne me dites pas que vous êtes forcé de bouleversé nos projets, tout ça pour des hallucinations mystiques !
-Je sais reconnaître une présence spirituelle quand j'en rencontre une, Fujiwara-san. Et nos projets ne seront pas bouleversés. Le shogun devrait arriver demain. La cérémonie aura lieu le soir même, et les troubles débuteront dès le lendemain. Vous aurez tout le temps de mettre votre plan à exécution.
-J'espère sincèrement que ce sera le cas, dans votre intérêt... »
Satoshi bouillonnait de rage derrière son masque d'impassibilité. Ces sectaires superstitieux modifiaient ces plans, et il avait horreur de l'imprévu. D'autant qu'il était tant de passer à l'action. On venait de lui rapporter qu'une des escouades de gardes qu'il faisait entrer dans la ville depuis des semaines avait été retrouvée sous forme de cendres dans les débris à demi fondus de leur armure. Apparemment, les rumeurs qui lui étaient parvenues n'étaient pas que des rumeurs. Quelque chose, ou quelqu'un en avait bel et bien après la famille Fujiwara, et cette personne disposait apparemment de pouvoir hors du commun. Les exorcistes qu'il avait contactés n'avaient pas donné de nouvelles, et il commençait à se demander s'il avait eu raison de leur faire confiance.
« Sans nous, vous seriez probablement déjà mort, Fujiwara-san... »
Satoshi bondit sur place et se retourna d'un bloc. L'étrange jeune femme en keikogi immaculé et hakama écarlate se tenait là, la main négligemment posée sur la poignée de son sabre.
« Que voulez vous dire ?
-Je veux dire que les rumeurs suite auxquelles vous nous avez contacté sont fondées. Votre aïeule Mokou Fujiwara est bien dans la région, et nous sommes certains que la série de carnage qui ont été commis sur des membres de votre famille sont de son fait. La seule raison pour laquelle vous n'avez pas encore été réduit à un tas de cendres, c'est que Mokou est obligé de prendre des précautions pour nous éviter.
-Et pourquoi est ce que vous ne vous en êtes pas débarrassé ?
-Parce qu'elle est effectivement immortelle. On ne peut pas la tuer. Et on n'a pas encore trouver un moyen de s'en débarrasser.
-Comment comptez vous m'aider alors ?
-Rappelez vous que vous n'êtes pas seul en question dans cette affaire. La région toute entière pourrait être en danger avec une immortelle d'une telle puissance. Le seul moyen de vous sauver la peau, c'est de détourner Mokou de son objectif. Vos amis adorateurs de la princesse de la lune pourraient nous être d'une grande utilité en la matière.
-Que planifiez vous ?
-Nous savons qu'ils préparent une grande cérémonie. Arrangeons nous pour que Mokou le sache aussi et pense que vous serez présent. Nous aurons peut être l'occasion de la mettre hors d'état de nuire pour un moment. »
Fuyuka se considérait comme blasée, mais force lui était d'avouer qu'une cérémonie d'une telle ampleur était impressionnante. Plusieurs centaines d'adeptes étaient rassemblés, portant tous un kimono arborant la pleine lune, symbole de Kaguya. Mais le plus impressionnant était sans aucun doute l'immense statue de bronze de la princesse de la lune, érigée au fond du temple, qui dominait la foule de ses sept mètres de hauteur. Elle représentait une jeune femme aux traits réguliers, qui regardait vers le ciel, comme à la recherche de la lune.
La lune qui cette nuit là baignait l'intérieur du temple d'une nimbe argentée. Kyosuke, le grand prêtre, leva la main pour imposer le calme, geste bien inutile car un silence surnaturel régnait déjà.
Dans le fond du temple, un homme arborant l'emblème de la famille Fujiwara observait la scène, tout comme l'envoyée du clan Okiba. Il émanait de lui un air aristocratique. Fuyuki hésita cependant à le considérer comme Satoshi Fujiwara. Il y avait quelque chose de bizarre...mais elle n'arrivait pas à savoir quoi.
Ses réflexions furent interrompues par Kyosuke.
« Mes frères, mes sœurs. En cette nuit d'équinoxe, nous allons en appeler à Kaguya-sama afin qu'elle bénisse notre entreprise et nous accorde protection. »
Aussitôt, il commença à murmurer une invocation à voix basse, aussitôt suivit par les fidèles. Peu à peu, les voix enflèrent, jusqu'à former un chœur retentissant.
Fuyuki se renfonça dans les ombres lorsque le regard scrutateur de celui qui était probablement Satoshi Fujiwara passa sur l'embrasure dans laquelle elle se dissimulait. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond. Mais une sensation étrange détourna son attention. Une sorte d'oppression, comme si quelque lui appuyait délicatement sur la nuque. Il y avait un phénomène surnaturel en cours. Quelque chose d'important.
La lueur de la lune flamboya, éclairant vivement la pièce, et surprenant Fuyuka qui se retrouva baignée de lumière. Et le regard inquisiteur de Satoshi...ou plutôt non...de quelqu'un qui se faisait passer pour Satoshi se fixa sur elle. Là, il y avait quelque chose de pas clair. Sauf qu'à nouveau, encore une fois, la scène fut interrompue par une série d’événements. En premier lieu, le chœur des adeptes arriva au point culminant de sa prière, jusqu'à ce que la statue de bronze vibre aux son de leurs voix. En second lieu, le faux Satoshi bondit sur ses pieds en dégainant sa lame. Ses gardes tirèrent eux aussi leurs armes et jetèrent un regard mauvais à Fuyuka. Nom de... ! Les Invincibles. Elle aurait du s'en douter. Enfin, troisièmement la porte se vaporisa dans un nuage de cendres et une énorme vague de chaleur frappa l'assemblée.
Une jeune femme se tenait là, les yeux écarlates flamboyant de colère. Elle portait une étrange tenue, avec un pantalon à bretelles et une chemise blanche, ainsi qu'un nœud dans ses longs cheveux blancs. Mais ce qui frappait surtout était la rage extrême qu'elle dégageait. Elle était environnées d'une nimbe de flamme orangée, et le bois autour d'elle commençait à s'enflammer. Vue ainsi, elle ressemblait vraiment à un phénix. Fuyuka comprenait à présent d'où venait son surnom. Elle leva une main crispée comme une serre et la tendit vers l'assemblée.
« TOI ! ESPECE DE VERMINES IMMONDE ! COMMENT AS TU OSE FAIRE APPEL A CES POURRITURES DE LARBINS DE CETTE... »
S'étranglant de rage, elle ne parvenait même pas à trouver d'insulte suffisamment grande pour qualifier Kaguya.
« LE MONDE ET LE CLAN FUJIWARA SE PORTERONT BIEN MIEUX SANS VOUS ! VOTRE TRAITRISE VOUS A CONDAMNE ! »
Fuyuka constata que les Invincibles qu'elle avait d'abord pris pour Satoshi et son escorte étaient focalisés sur Mokou. Elle ferait mieux d'en profiter pour s'échapper. Sauf que pendant que Mokou carbonisait une rangée d'adeptes avec une jet de flammes pourpres, quelque chose d'autre arriva. Une silhouette commença lentement à se matérialiser dans le rayon de lune au pied de la statue. Fuyuka soupira...ce n'était quand même pas...
Mokou jubilait. Enfin sa vengeance, après des semaines de souffrances, allait être assouvie. Enfin elle allait pouvoir purger le clan de ses éléments les plus corrompus. Des vagues de flammes balayèrent la salle, réduisant les adeptes jusqu'à l'état de cadavres calcinés. La plupart d'entre eux étaient ou morts, ou dans un état de panique totale.
Elle allait maintenant pouvoir s'attaquer à Satoshi...Sauf qu'il ne s'agissait pas de Satoshi. Une brume de colère envahit l'esprit de Mokou. Quelqu'un osait encore se mettre en travers de sa route ! Et bien, de qui qu'il soit, il allait payer. Elle déchaina sa puissance et un torrent de flamme sur la silhouette et ses gardes et …
Une épée ?
La lame perfora la poitrine de Mokou, lui arrachant un hoquet sanglant. Cela ne l'arrêta pas. Mokou tenta de saisir l'exorciste de la confrérie des Invincibles de ses mains embrasées, mais celle ci avait lâché son épée et avait déjà bondi hors de portée. Vacillante, Mokou tenta de reprendre sa concentration et une gerbe de flammes flamba les colonnes près de l'exorciste, mais fut bientôt interrompu lorsque les deux gardes tranchèrent le bras du « phénix » de leur hallebardes. Mokou grogna de douleur et tituba en arrière. Ses yeux s'écarquillèrent et elle retira la lame qui lui traversait la poitrine. La plaie commença à se refermer, les chairs à se rapprocher. Dans le même temps, l'os repoussa et le membre tranché commença à guérir à toute vitesse. Même prévenu, les exorcistes avaient du mal à cacher leur étonnement. Mais une dernière apparition perturba la scène...
Fuyuka soupira. Encore un truc imprévu. Kaguya venait d'entrer en scène. Une jeune femme au teint de porcelaine, aux longs cheveux de jais, vêtue d'un luxueux kimono brodé de fils d'or. Elle fixa Mokou d'un regard moqueur.
« Franchement Mokou, tu n'apprendras jamais ? Est-ce qu'un jour tu arrêteras de me pourchasser »
Mokou hurla de rage, vomissant à nouveau un geyser de sang, ce qui ne l'empêcha pas d'essayer de noyer Kaguya sous les flammes. Sauf que la princesse n'était pas sans défense. Un rideau argenté se dressa pour la protéger.
« Tsss...tu ne comprendras jamais à quel point c'est futile, pas vrai... ? »
Mokou perdit les derniers lambeaux de contrôle qu'elle avait sur elle même. Une colonne de flammes se forma autour d'elle, enflammant le bâtiment, tandis que Kaguya continuait de ricaner, tout en se défendant.
Fuyuka bondit sur le côté, pour éviter une poutre enflammée qui chuta de la charpente. Le temple était presque vide maintenant. Plus personne de vivant ne pouvait rester près du duel qui opposait les deux immortelles. Ne restait que Fuyuka, les trois exorcistes qui battaient maintenant en retraite vers la sortie, et les ennemis de toujours qui étaient trop absorbée par leur combat pour se soucier du temple qui s'effondrait sous la morsure des flammes. Seule demeurait intacte la statue de bronze, qui continuait de fixer le carnage de son regard serein.
Sans s'attarder sur le décor, Fuyuka esquiva la hallebarde d'un exorciste avant de la passer au fil de son épée. Les deux autres tentèrent de l'arrêter, mais un pan entier du toit s'effondra entre eux, formant un rideau de flammes. Fuyuka en profita pour filer en se dissimulant dans les nuages de fumée. Au moins, elle était parvenue à semer suffisamment de chaos pour couvrir ses traces. Et peut être que les Invincibles seront trop occupés pour se préoccuper du clan.
Mokou ne parvenait pas à y croire. Après tout ces efforts, elle ne parvenait toujours pas à se débarrasser de cette maudite Kaguya. Elle était tellement focalisé sur la destruction totale de son ennemi qu'elle ne prêtait même pas attention au temple incendié. Jusqu'à ce qu'une esquille embrasée la cloue au sol. Sa colonne vertébrale fut sectionnée sur le coup, la paralysant. Mokou hurla de douleur et de rage. Kaguya se pencha vers elle, toujours derrière son écran d'énergie.
« Tu vois, tu fais toujours des erreurs. Tu laisses trop de place à ta colère.
-ESPECE DE...
-On se reverra quand tu seras calmée. »
Mokou, impuissante alors que ses os se ressoudaient et que ses nerfs repoussaient, ne put que regarder Kaguya s'évanouir dans un rayon de lune. Elle ne put que hurler de désespoir alors que se vengeance lui échappait une fois de plus. Un jour. Un jour viendrait ou Kaguya ne pourrait plus lui échapper. Et elle avait toute l'éternité pour attendre cet instant là.
Okiba- Esprit de l'Essaim
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Re: La plume d'Okiba
Une fin... On va dire "mitigée", comme tu sembles aimer le faire. Ce n'est pas forcément une bonne, ni une mauvaise, en un sens. J'ai passé un bon moment à lire tout ça, comme d'habitude.
Enfin, merci pour la nouvelle !
- Spoiler:
- Maintenant que j'y pense, Fuyuka n'a fait qu'observer, elle n'a rien fait, si ? Elle n'a fait qu'enquêter, mais elle n'a pas pu arrêter Mokou. En même temps, vu sa colère, il a fallu la clouer au sol pour l'arrêter...
Enfin, merci pour la nouvelle !
VinkHiker- Normal
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Date d'inscription : 24/09/2011
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Localisation : Avec mon ermite ! ( - ◡ -) ❤!
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Niveau: Normal
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Re: La plume d'Okiba
- Spoiler:
- Et oui, Vink, durant la fin, mon héroïne a effectivement été plus spectatrice qu'actrice. Je dois avouer que la fin était complètement différente de ce à quoi je m'attendais en commençant à écrire.
Okiba- Esprit de l'Essaim
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